BIRMANIE


UNE DICTATURE, DES RUBIS… ET UN CYCLONE !


Mardi 6 mai 2008,
48 heures après le passage du cyclone sur la Birmanie,
Lycée pro Jean Guéhenno à Saint-Amand Montrond.
Le journal lycéen Le Mur reçoit Mireille Boisson , coordonnatrice nationale pour le Myanmar (ex-Birmanie) de l’ONG Amnesty International Une journée de rencontres en direct avec l’actua internationale pour les 180 lycéens… Comment la junte militaire birmane va-t-elle verrouiller ses frontières, empêchant l’aide internationale et l’ONU d’apporter une aide humanitaire à la population du pays ? Une action dans le cadre du projet d’établissement du lycée J.Guéhenno et du programme « Lycéens Citoyens » du conseil régional Région Centre… Publication prochaine dans l’édition du Mur, juin 2008.


Birmanie sous dictature Indépendante depuis 1948, la Birmanie s’appelle dorénavant Myanmar. Les militaires au pouvoir viennent de changer soudainement de capitale, de Rangoon, à la ville de Naypyidow, créée de toutes pièces au centre du pays. Une junte militaire dirigée par un tyran, Than Shwe qui dresse le pays au rang d’une des pires dictatures du monde : déplacements de populations, opposition et liberté de presse interdites, torture systématique après chaque arrestation, prisons regorgeant de prisonniers politiques, minorités éthiques sous esclavage… Mireille Boisson évoque ainsi « les Karens, et les femmes giraffes confinées dans des zoos pour engraisser un business man esclavagiste thaïlandais qui accueille les touristes… la minorité Rohingya dont les droits sont profondément réduits, pas d’inscription des naissances, pas de papiers d’identité, en fait pas d’identité tourt simplement ! » Les dissidents birmans risquent le pire à tous moments, à l’instar des bonzes boudhistes et des étudiants descendus dans les rues en septembre dernier, ou l’image de la dissidente birmane la plus célèbre, Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition très appréciée de la population, prix nobel de la paix… et assignée à résidence, isolée et coupée du monde ! La responsable d’Amnesty International rappelle que « ce pays est riche, avec un gouvernement riche et une population très pauvre… Mais sur place, une résistance très souterraine est en place, et comme dans toutes les dictatures, l’imagination est aux mains des résistants… Aujourd’hui, les militaires veulent absolument maintenir le référendum prévu dans quelques jours pour une nouvelle constitution, une élection déjà truquée où l’opposition n’a pas le droit de s’exprimer… alors les opposants taguent tous les chiens avec des « NO », et les militaires passent leur temps à courrir après les chiens dans les rues de Rangoon pour les repeindre ! »

Birmanie, couleur rubis Bien sûr, on connaît le roman de Joseph Kessel, « La vallée des rubis » qui a présenté au monde entier les mines des fameux rubis de Mogok… Rubis du sang exploitée aujourd’hui pour le compte de la junte birmane, conditions de travail inimaginables telles que nous les raconte Mireille Boisson : « les mines de rubis exploitées par les militaires où les travailleurs reçoivent pour seul et unique repas une injection d’héroïne pour tenir le coup… tout ça avec la même aiguille, et le discours officiel comme quoi le sida n’existe pas en Birmanie ! » Officiellement, comme pour les diamants du sang contrôlés depuis le processus de Kimberley, les rubis extraits des mines birmanes sont boycottés et interdits dans de nombreux pays… Mais, beaucoup de fournisseurs de pierres se justifient encore à devoir écouler d’anciens stocks, ou à les acheter avec le label thaïlandais ! En effet, les rubis bruts traversent la frontière, sont achetés, taillés et polis en Thaïlande… et arrivent ensuite sur les marchés internationaux sans référence à la Birmanie ! La situation est identique pour le jade dont la Birmanie est un des principaux producteurs.

Birmanie sous le cyclone Nargis Plus de 100 000 morts… Les chiffres s’amplifient tous les jours. Des milliers de disparus. Des risques évidents d’épidémies. Mireille Boisson lit quotidiennement les journaux birmans, et ce jour-là, à la Une d’un quotidien évidemment proche des militaires (les autres journaux sont interdits), on pouvait lire : On s’occupe de tout ! Déclaration lapidaire de la junte birmane, déclaration qui fait froid dans le dos tellement personne ne peut y croire… Le gouvernement totalitaire semble prêt à laisser mourir sa population plutôt que d’ouvrir la porte à l’aide internationale ! « Les premières ONG se sont vues refuser l’entrée dans le pays, un journaliste de la BBC vient d’être expulsé, les militaires ne relâcheront jamais le contrôle de leurs frontières… Ils risqueraient d’y perdre le contrôle du pays ! » Mireille, elle, depuis bien longtemps déjà est interdite de visa pour la Birmanie par la junte au pouvoir.

compte-rendu immédiat, collectif CAP bijouterie
lycée pro Jean Guéhenno