2015.EDITION 165 DU MUR

MECANIQUE INSTABLE

Au début de ce projet, il y a la rencontre avec l’œuvre du sculpteur suisse Jean Tinguely et les 40 lycéens des classes de Terminale « Brevet des Métiers d’Art – Art du Bijou ». Il y a cette ouverture sur l’étude des œuvres de l’artiste, et un travail pluridisciplinaire sur le mouvement « Nouveau Réalisme »… Il y a volonté de provoquer la mise en relation entre l’œuvre de Tinguely et l’art du bijou, par la réalisation d’un projet personnel créatif et technique… Il y a les recherches écrites et graphiques sous forme d’esquisses et de croquis annotés à partir de l’œuvre de l’artiste et des principes de base de la mécanique du bijou. Le cahier des charges esthétiques reprend ainsi les sources d’inspiration issues de l’artiste, formes et motifs, principes mécaniques de transmission, d’articulations, de rotation et de translation… Bref, le bijou sera constitué d’éléments mécaniques, manufacturés ou non.

REPORTAGE EN SUISSE

BÂLE, SALON INTERNATIONAL DU BIJOU ET VILLE NATALE DE TINGUELY

Quelques mois plus tard, l’équipe des 40 lycéens des classes terminales BMA part pour la Suisse. Bâle est la ville natale de Jean Tinguely, et le pays est incontournable dans le domaine du bijou et de l’horlogerie…

LUNDI 23…

2015.03.23.MULHOUSE

07.30. Parking du lycée, rue des sables. Chacun arrive, la valise en main, et la tête pas trop réveillée…

08.01. Tout le monde est présent. Les valises dans les soutes du bus. Les oreillers… Direction, la Suisse… mais avant la confrontation avec Tinguely, plusieurs étapes et pas mal de surprises… L’autocar est prêt pour affronter 468 km, et quelques six heures de route… Un Huis-Clos dans un bus roulant avec sérénité à travers les champs et les reliefs de Bourgogne, puis du Jura… l’Autoroute A71… Les régions qui défilent… Montluçon… Montceau les Mines… Chalon-sur-Saône… Anthony a visiblement compris qu’il fallait prendre les premières photos…

12.36. Une aire d’autoroute. Un entracte jambon beurre sous le soleil flamboyant… et le voyage se poursuite sur l’A6, bientôt Dôle… Besançon… Montbéliard… Belfort… et enfin Mulhouse, pour l’étape du soir…

15.32. Les colons bijoutiers de Jean Guéhenno posent ainsi enfin les pieds sur la terre sacrée de la choucroute garnie ! On ne pense pas à visiter Mulhouse… et pourtant, on la surnomme la capitale européenne des musées du rêve industriel ! Tout un programme… Une exploration s’impose afin de déceler au mieux les mystères de ce nouveau monde. Nous sommes près de la place Wicky… Une première photo de l’équipe s’organise… On retrouvera les photos de l’équipe chaque soir sur le site du journal, les parents et les copains restés au lycée également…

16.02. Un itinéraire urbain nous conduit, par petits groupes à explorer l’architecture de la ville… Nous sommes lâchés dans Mulhouse ! Un plan de la ville et le road-book du projet ! Première étape, la gare. Un bâtiment incontournable, un ensemble de grès, de béton armé et de briques. En 1839, elle fut construite pour l’ouverture de la première ligne de chemin de fer d’Alsace, et c’était la 3ème de France ! Aujourd’hui, elle accueille le TGV Rhin-Rhône ! Devant la gare, les tramways « lapin crétin », ça, on a adoré ! Plus loin, un immense monument de 96 mètres de diamètre et près de 23 mètres de haut, c’est le « bâtiment annulaire », et avec la Maison de la Radio à Paris, c’est le seul bâtiment de France, totalement annulaire sur tout son pourtour… Il fut détruit lors des bombardements de la ville en 1944, et reconstruit dans les années 50… La « Maison Manz » symbolise bien l’industrialisation de la ville dès 1746, la riche famille industrielle « Manz » a construit sa demeure dans un style proche de celui du sud des Etats-Unis, là où on importait le coton à l’époque, un immense parc, une serre pour la culture des plantes exotiques, une maison carrée avec des colonnes surmontées d’un chapiteau ionique…

16.28. Plus loin, la rue Magenta, des immeubles destinés à la moyenne bourgeoisie à cette époque du 19ème siècle où l’urbanisme doit assumer le développement industriel et une augmentation démographique sans précédent… L’Eglise Saint-Etienne, construite seulement en 1855 pour répondre à la demande d’un afflux d’ouvriers majoritairement catholiques… La place de la Paix, avec un kiosque implanté en 1891 comme un chalet de tempérance pour lutter contre l’alcoolisme et proposé de l’eau gazeuse aux habitants !. Le square et la « Maison Steinbach » qui abrite aujourd’hui le Musée des Beaux-arts de Mulhouse…

17.01. La Place de la Réunion au cœur de la cité médiévale… et le « Poêle des Tailleurs »… Du 13ème au 18ème siècles, parmi les corporations, celle des tailleurs était l’une des plus puissantes, en réunissant les drapiers, les tisseurs de laine et de lin, les tricoteurs de bas, les couturières et les chapeliers dans une maison appelée « poêle » et servant de lieu de réunion… La « Maison Mieg », demeure bourgeoise de la Renaissance… et l’Hôtel de Ville avec ses façades aux décors en trompe l’œil, ses figures allégoriques et les armoiries de Mulhouse ! Reportage photographique pour chaque groupe… et rendez-vous au point de départ, 3 heures plus tard…

17.32. L’autocar nous attend. Direction, l' »Auberge des trois frontières », c’est notre auberge de jeunesse, située rue de l’Illberg, et effectivement, c’est le point de jonction entre la France, la Suisse et l’Allemagne !

18.01. La petite troupe des explorateurs furtifs pousse les portes de l’auberge. Traditionnelle répartition des chambres. Chacun s’installe, s’organise, se réorganise, et découvre ce qui sera pendant cette semaine son antre…

19.00. Le dîner, à l’auberge.

20.00. Réunion de projet. Demain, c’est l’entrée en Suisse, avec une journée des plus chargées, donc, on s’organise… et l’équipe bercée par cette réunion de fin de soirée s’endort calmement, très calmement… avec parfois de douces batailles d’oreillers et de délicats potins entre filles, ça dépend des chambrées…

MARDI 24…

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06.18. Lever, de bon matin… ou un peu plus tumultueux par la délicatesse de notre prof de bijouterie !

07.03. A table ! Petit déjeuner, à l’auberge…

07.32. Le bus. C’est parti… pour la Suisse.

08.45. Bâle… « Basel », dans la langue du pays, en allemand de fait, puisque nous sommes dans la Suisse germanophone… Bâle est la troisième ville de Suisse, avec plus de 160 000 habitants… Le Rhin passe à Bâle, et la ville est célèbre dans le monde entier pour son carnaval, et pour… Baselworld ! Le salon mondial de la bijouterie et horlogerie qui se tient à Bâle tous les ans. Nous sommes à l’entrée de Baselworld.

08.50. Les badges. Les plans du site… C’est immense. En plein centre ville, une superficie de 141 000 m2 ! De quoi accueillir 1500 exposants de 45 pays différents… et quelques 150 000 visiteurs…. Nous en sommes.

09.01. C’est parti. Emie, Andréa et Mathilde sont les premières à pénétrer dans cette caverne magique ! Nous y sommes bien. « Baselworld », salon professionnel international, prodigieux avec ses milliers d’exposants, fabuleux avec ce regard cosmopolite sur l’avant-garde des tendances de la joaillerie, hallucinant devant les négociants du monde entier de diamants, de gemmes de toutes origines et de perles éblouissantes…

09.12. On part à la découverte du salon, par petites équipes… On en prend plein les yeux ! C’est immense, C’est beau ! C’est luxueux ! L’histoire commence… en 1917 ! La première « foire suisse d’échantillons de Bâle » a eu lieu ici le 15 avril 1917. Mais à l’époque, c’était une foire ouverte à toute l’économie suisse. Les 831 entreprises présentes comprenaient aussi bien l’industrie chimique, les banques, les assurances, les transports… et aussi un secteur dédié à l’horlogerie et la bijouterie… Des marques horlogères comme « Tissot » ou « Longines » faisaient partie des premiers exposants.

10.03. On parcourt le premier hall de la foire depuis une heure, et nous sommes très loin d’avoir tout visité ! C’est vraiment énorme ! Tous les acteurs-clés du monde entier, des horlogers aux joailliers, des négociants en diamants, perles et pierres précieuses aux fournisseurs de machines sont bien réunis ici… Toutes les tendances de bijouterie et de l’horlogerie sont représentées… Face à l’immensité de Baselworld ! L’équipe des bijtons ouvre de grands yeux. L’or coule à flots. Les pierres pullulent sur des pavages sans fin. Les diamants exhibent leurs mille et une facettes. Les rubis et les émeraudes concourent pour le titre de Miss Super Carat pendant que les saphirs se la jouent fine sur les cadrans des montres de luxe… Aurélie est fascinée par un pavillon asiatique où l’exposant a su englober la modernité des bijoux présentés et les symboles traditionnels d’Asie, ambiance orientale où deux mannequins superbes portent avec raffinement les bijoux… Maëlle reste ébahie devant une création de la maison « Kimberlite », un collier entièrement de diamants représentant tout un ensemble de maisons chinoises à Pékin… Cécile et Pauline discutent avec les représentants d’une grande maison russe, ils emploient plus de 500 bijoutiers, ils réalisent tout eux-mêmes jusqu’à la taille de leurs pierres et le sertissage…

11.04. Le temps de quelques croquis d’ambiance sur le vif… Les photos ne sont pas très appréciées ! Quelques prises de notes, et on collecte à chaque stand des infos, de la documentation, des idées de créations, des pistes aussi pour notre orientation future d’après le BMA, c’est simple, tous les secteurs professionnels sont représentés, donc, facile de s’y retrouver ! Baselworld, c’est vraiment le salon incontournable. On y vient de plus d’une centaine de pays différents de la planète. On y vient pour voir, pour contempler, pour découvrir, et aussi pour acheter, pour commander, pour travailler…

12.01. Sortie du salon pour cette première journée d’exploration… On retrouve tout le monde… et les yeux encore plein d’étoiles, on s’engouffre dans la cité de Bâle…

12.45. Un repas froid, dans un parc de la ville, et sous le soleil helvète. Le célèbre jambon-beurre, mais en exclusivité… trois cornichons ! Pas grave. Dans la tête, on a encore pas mal d’images… et rapidement, on se dirige vers notre second rendez-vous majeur de la journée, le musée Tinguely !

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13.30. La ville de Bâle, c’est aussi la ville natale de Jean Tinguely. Et à quelques centaines de mètres du salon international, au bord du Rhin, nous sommes au Musée Tinguely. Une architecture de Mario Botta, et la plus importante collection au monde de l’artiste à travers quatre décennies de créations. C’est ainsi que nous allons découvrir « pour de vrai » les sculptures motorisées, les machines à dessiner, les sculptures fontaines… La photo de groupe devant l’une des sculptures fontaines est incontournable… Devant l’entrée du musée, un immense échiquier est dessiné sur le sol. Dans l’équipe, plusieurs se décident à jouer quelques minutes en déplaçant des pions énormes sur l’échiquier.

13.14. Le parc tout autour du musée est très beau. Nous sommes au bord du Rhin, et l’architecture extérieure du musée est organisée autour de façades, de passerelles, de portiques et de porches… Plus en retrait, les bassins laissent place à des arbres séculaires… C’est très agréable.

14.00. Instant fatidique. Notre rendez-vous. C’est l’instant inédit du projet. Le vice-directeur du musée nous attend en personne. C’est devant la « Grosse Méta-maxi-maxi-Utopia », l’œuvre la plus monumentale de Tinguely, créée en 1978, que nous avons rendez-vous avec Andres Pardey, conservateur et vice-directeur du musée. Nous ne sommes pas des visiteurs tout à fait ordinaires, et la direction du musée est parfaitement au courant de nos projets… L’entrevue est préparée depuis de longs mois, et le projet de ces lycéens bijoutiers du centre de la France a retenu toute son attention… Avec un mélange de pudeur et de fierté, nous devons présenter, les uns après les autres, nos bijoux inspirés de Tinguely, nos projets « Mécanique instable »… Andres Pardey ne s’en lasse pas. Il commente chacune de nos pièces, en approuvant le lien de notre travail avec l’œuvre de l’artiste. Il nous questionne sur les détails de conception et de fabrication, sur les mouvements potentiels et la dynamique mobile de nos pièces, sur les matériaux issus de notre quotidien, engrenages d’horlogerie, rouages mécaniques ou pièces de serrurerie… Andres Pardey nous présente aussi le musée Tinguely et nous raconte cette exposition permanente comme « une atmosphère particulière, ludique, rigolote, ça ressemble un peu à une fête foraine sans la foule, il y a des lumières, des bruits, des grincements, des cliquetis, des objets qui se mettent en marche quand on le désire, et des machines qui ne servent qu’à nous faire plaisir, un monde un peu magique ! » Le conservateur nous explique comment Tinguely, dans les années 60, a rejoint les artistes « nouveaux réalistes » comme César, Yves Klein ou Daniel Spoerri, et décrit avec eux une sorte de réalité nouvelle avec des produits issus de la société de consommation : « Dans l’univers de Tinguely, on retrouve tous ces objets du quotidien, des jouets en plastique, des fourrures d’animaux, des déchets de ferraille… » Et, puis, c’est promis, si un jour, le musée Tinguely crée un lien avec le bijou, on fait appel à nous ! Et d’ailleurs, question finale à Andres Pardey, Tinguely lui-même a t-il travaillé le bijou ? « En fait, lui-même non, son univers était assez éloigné du bijou… mais son épouse Niki de Saint Phalle a produit de nombreux bijoux d’artistes, de véritables sculptures miniatures, des bijoux colorés, un peu magiques, imaginaires et ludiques aussi comme les pièces de Tinguely ! »

14.45. Le temps de visiter maintenant toutes les collections permanentes de Tinguely. Une historienne d’art nous guide à travers un parcours chronologique découpé en trois périodes majeures du travail de l’artiste : les années 1950, avec des œuvres composées de matériaux courants, de constructions abstraites, et les fameuses « méta-mécaniques « … Les années 1960 à 70, des œuvres importantes comme « Homage to New-York « , « le Ballet des pauvres « , les « Balubas « , des œuvres de construction de ferraille et d’objets trouvés, des sculptures motorisées, des machines sculptures, des sculptures « Chars « , et enfin les œuvres aux propriétés multidimensionnelles et multi sensorielles comme « Klamauk « … L’époque tardive avec les « méta-harmonies « , la « Grosse Méta Maxi-Maxi Utopia « , « Mengele-Totentanz « … Ici, ça bouge, ça gronde, ça cogne. Tous ces mécanismes qui roulent et crissent font un merveilleux tintamarre. On apprend plein de choses… On retrouve tout ce dont on a parlé tout au long de l’année dans ce projet… On admire les œuvres impressionnantes, elles sont parfois immenses et bruyantes, gratuites et sans but précis, ou complètement loufoques ! On peut même essayer de faire fonctionner certaines d’entre elles ! Les œuvres sont bien vivantes. Certaines peuvent même créer des dessins ! Nouveau Réalisme, et bien sûr l’influence d’autres artistes et de sa femme, Niki de Saint-Phalle…

16.03. Le musée présente une expo temporaire appelée « Belle Haleine – l’odeur de l’art « … Une expérience particulière. Narines sensibles s’abstenir ! Le projet de cette expo est de mettre en lumière le thème complexe des cinq sens humains et leur représentation dans l’art. Cette première série d’expositions se consacre au phénomène à la fois fascinant et fugitif de l’odeur, ce qui dépasse bien entendu l’approche habituelle de l’art dans un musée qui sollicite davantage la vue… Plusieurs étages sur plus de 1200 m2, on s’offre un parcours de repérage d’œuvres modernes et contemporaines, d’installations multimédias, de vidéos, de sculptures, d’objets, de gravures, de dessins, de photographies ou encore d’autres œuvres totalement conceptuelles. C’est hallucinant, et l’odeur est parfois inquiétante, exécrable, insupportable… Parfois aussi seulement dérangeante, mais légèrement incitative et intéressante… Des œuvres signées par les plus grands noms du 20ème et du 21ème siècles, comme par exemple Louise Bourgeois, Marcel Broodthaers, Carlo Carrà, Marcel Duchamp, Piero Manzoni, Man Ray, Daniel Spoerri, Ben Vautier, ou Bill Viola… Une installation étonnante autour du talc. Il fallait se déchausser à l’entrée de la salle, lever son pantalon et prendre un masque. La salle était toute noire avec au fond une bougie… Marcher dans le talc, c’était finalement le bonheur ! Ailleurs, résonne parfois une symphonie d’odeurs, plus horribles les unes que les autres, mais qui donne tout son sens au bon mot d' »embaumer »…

17.27. Notre œuvre photographique à nous, c’est la 3ème photo de groupe de la journée ! Devant le musée… Là où, fourbus, éreintés, épuisés, les pauvres petits petons de nos explorateurs de moins en moins furtifs ne pensent qu’à une chose : implorer le bus de venir les cueillir pour cette fin de journée…

17.31. Le bus… en quelques embouteillages pour sortir de Bâle… Epuisés, mais le sourire aux lèvres tiré de cette journée, on sommeille à l’arrière du bus !

19.04. Mulhouse… et notre auberge. La fatigue commence à se faire sentir… mais ce n’est rien à côté de la faim qui creuse les ventres.

19.29. Le dîner…

20.44 . Une réunion de projet, discours des maîtres de la tribu sur le bilan de cette première journée héroïque à Basel…

22.58. Dodo Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz…………….

MERCREDI 25…

06.22. Réveil matin moins violent que la veille… par les filles de la classe…

07.01. Le petit-déjeuner, dire qu’on est tous parfaitement réveillé serait excessif…

07.30. Départ de Mulhouse pour de nouvelles aventures… Rejoindre Bâle.

08.45. Baselworld. Le retour… Deuxième jour pour arpenter les sentiers du salon… Aujourd’hui, le cap est mis sur les halls non visités la veille, en particulier les secteurs des négociants en diamants, en perles, en pierres précieuses, fines, ornementales, et aussi les fournisseurs de machines, de métaux, d’outillage… qui attendent toujours avec bienveillance les futurs professionnels du métier que nous sommes !

09.15. Voilà donc les explorateurs de retour dans l’immense caverne d’Ali Baba, avec ses cascades de pierres précieuses et d’or en fusion. Chacun court de droite à gauche, de crainte que quelque chose ne lui échappe. Les Bijtons en prennent à nouveau plein les yeux… On se perd sans cesse dans une jungle aux mille joyaux… Dans le Hall 3, on va parler anglais avec les vendeurs de pierres de toute l’Asie… Il y a des opales comme on a jamais vu… Des aigues-marines énormes… Des pierres plus rares, brutes, taillées, en lots ou à l’unité, payables en dollars, en francs suisses, en euros, en yens…

12.01. Le kiosque de la presse internationale consacrée à la bijouterie ! Extraordinaire… et ici, on offre toutes les éditions aux visiteurs… Fierté totale devant le dernier numéro du « Bijoutier international » et la contribution mensuelle du Mur sur deux pages… Oui, on peut le dire, notre journal lycéen était présent humblement sur le salon de Bâle… et les professionnels du monde entier ont pu lire notre article ! Chacun repart avec des kilos de documentation, de revues sublimes, de magazines édités dans toutes les langues de la planète !

12.32. Le temps n’est pas au beau fixe. Le déjeuner est rapide… On évite soigneusement le café à 5 francs suisses sur les comptoirs du salon comme dans les cafés avoisinants…

13.32. Bâle. La vieille ville. Le temps d’un parcours culturel par équipes… A la découverte de la ville… C’est simple, il y a le Rhin, et sur le Rhin, le « Mittlere Brücke », c’est-à-dire le « Pont du Milieu ». Avant, c’est le « Grand Bâle », et après, c’est le « Petit Bâle »…

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14.01. De cet autre côté du pont, en longeant le fleuve, nous passons devant le musée d’histoire naturelle de Bâle, et on arrive à Münster Platz et à la cathédrale « Notre-Dame de Bâle ». Une cathédrale protestante construite entre 1019 et 1500 en grès rouge et qui fait office de bâtiment médiéval reconnu comme l’emblème de la ville aujourd’hui ! Plus au nord de la ville, le « Spalentor », c’est une porte médiévale de la ville, vestige monumental de l’ancienne fortification qui entourait la cité… Mais le cœur de la vieille ville, c’est la Marktplatz, la place du Marché où domine l’hôtel de ville de Bâle, le « Rathaus », immeuble superbe du 15ème siècle… Notre mission, cet après-midi, c’est un reportage photographique, et dans chaque lieu repéré… un selfie !

17.33. Epuisés à nouveau, nous accueillons l’autocar avec plaisir… Vroummm ! Au revoir Basel ! Le temps de raconter nos découvertes aux uns et aux autres…

19.04. Mulhouse. Arrivée à l’auberge de jeunesse et dernière soirée. Mal aux pieds. Les grands aventuriers sont vraiment à plat.

19.30. Dîner à l’auberge

20.38. Réunion de projet… et tout ça autour d’un verre pour célébrer le projet ! Genre pot de l’amitié avec nos profs !

23.01. Qu’est-ce ? Tiens, on dirait que… malgré la fatigue, certains ne sont pas tout à fait couchés…

JEUDI 26…

07.33. C’est presque la fête ce matin, côté heure du réveil ! On gagne au moins une demi-heure !

08.12. Le dernier petit-déjeuner à l’Est !

08.44. En route ! Départ de Mulhouse. Le bus nous conduit vers Besançon… Pas un bruit. Tout le monde dort.

10.41. Besançon… Tic ! Tac ! Le Musée du Temps. Un lieu assez improbable. Une imposante porte. Un musée que seule la ville de Besançon pouvait présenter. Les collections du musée du Temps sont tout simplement colossales. L’équipe des Bijtons revigorée par le calme du voyage découvre, les yeux rivés sur la trotteuse quelques 1 500 montres, ébauches et boîtes, plus d’une centaine d’horloges de parquet, comtoises et pendules, un ensemble très original de 2 000 gravures liées à l’horlogerie allant du XVIe au XIXe siècle, mais aussi de nombreux outils, machines, matériels scientifiques passés et présents collectés auprès de laboratoires européens de haute technologie : résonateurs et oscillateurs à quartz, micromanipulateurs et robots… La mesure du temps a toujours été la plus précise de toutes les mesures. C’est pourquoi elle a été utilisée pour mesurer l’espace (latitude, longitude) mais aussi le poids, la vitesse, la température, la pression… Ces collections sont complétées par des objets de la vie quotidienne, et en particulier des documents sur l’industrie horlogère de la ville ! On découvre un monde incroyable de précision et d’inventivité, un monde pas si éloigné de la bijouterie, bien entendu… Au premier étage du musée, les premières montres mécaniques, la galerie de la mesure du temps, le cadran solaire, un cabinet de curiosité, un atelier d’horloger… Et au second étage, une présentation sur l’industrie de la montre à Besançon, la célèbre manufacture « Lip », puis l’horlogerie électrique, l’horlogerie à quartz, les horloges atomiques, et enfin, l’équipe tombe nez à nez devant la star de toutes : la Leroy 01, considérée comme la montre la plus compliquée du monde ! Bien entendu, Clovis a un coup de cœur pour cette montre ! Au dernier étage, un pendule de Foucault provoque étonnement, débats et discussions sur son fonctionnement et… « comment ça marche ? »… Un artiste américain présente une série de photos grand format intitulée « les Brown Sisters », il a entrepris le portrait de quatre sœurs tous les ans, dans la même position, depuis 1975 jusqu’à nos jours… Superbe et hallucinant de voir là aussi le temps qui passe sur les visages…

2015.03.26.musée du temps à besançon

12.05. Le bus, à nouveau…

12.48. Quelques 34 kilomètres plus loin, on s’arrête à la Saline Royale d’Arc-et-Senans. Un lieu magique. Mais, d’abord, pause déjeuner… On devient professionnels du jambon-beurre… Mais heureusement, Gautier et son équipe trouvent une oasis juste à côté qui n’attendait que les vagabonds en transit pour un petit café !

14.01. Un site classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1982. La Saline royale d’Arc et Senans, c’est le chef-d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux, un architecte visionnaire du siècle des Lumières. C’est également un témoignage rare dans l’histoire de l’architecture industrielle. C’était une manufacture destinée à la production du sel, créée par la volonté de Louis XV et construite entre 1775 et 1779. La Saline fonctionnait comme une usine intégrée où vivait presque toute la communauté du travail. Construite en forme d’arc de cercle, elle abritait lieux d’habitation et de production, soit 11 bâtiments en tout : la Maison du Directeur, les Ecuries, les bâtiments des Sels, les Commis, la Tonnellerie, le bâtiment des Gardes et la Maréchalerie…

14.46. Le domaine est très grand. La Saline présente aussi une exposition permanente. C’est l’histoire de la production de sel, à partir de la saumure transportée par les conduites souterraines depuis Salins-les-Bains que présente cet espace muséal… Mais aussi, on découvre une véritable synthèse sur le sel dans la vie des hommes : les origines, la géographie du sel, les modes d’exploitation, le sel à travers la gabelle comme élément essentiel de la fiscalité sous l’ancien régime, le rôle symbolique et les rituels de cet élément à la fois commun et unique en soi, les usages d’hier et d’aujourd’hui…Belle expo de superbes photos représentant les ouvriers du sel, des ouvriers du monde entier récoltant le sel à la sueur de leur front !

2015.03.26.salines royales ars et senans

16.03. Nous devons quitter la Saline. Le bus reprend sa route… Les autoroutes de Franche-Comté, puis la Bourgogne… Des chansons à l’arrière… et de grands et beaux discours avec une banane devenue téléphone… Contacter Mélisande pour davantage d’explications…

19.31. Un repas sur autoroute… Steak frites express.

21.32. Retour au lycée… Saint-Amand Montrond… C’est sûr, le luxe va nous manquer ! Merci aux profs d’avoir organisé avec nous ce fantastique voyage…

L’exposition « Mécanique instable » fut présentée cette année 2015 au musée de la Cité de l’Or de Saint-Amand Montrond… Elle provoqua parmi les visiteurs, surprise et stupéfaction. Des bijoux qui ressemblent à des machines… Des bijoux qui intègrent les fondements mêmes de la mécanique ! Des bijoux qui racontent des histoires, des histoires inédites de transmission et d’articulations, d’assemblage et d’ajustage ! « Mécanique instable » était et est toujours pour nous tous une métaphore vers l’image d’une planète rendue instable et inégalitaire, et pour laquelle, seuls les apprentissages citoyen, culturel et humaniste peuvent enrayer les déséquilibres. Le projet se voulait franchement professionnel et citoyen, merci à ceux qui nous ont aidés à la mener. Merci à ceux qui l’ont soutenu à l’intérieur du lycée comme à l’extérieur… et à ce titre, merci à la Région pour son aide, il fut retenu comme projet « lycéens citoyens » par le Conseil Régional de la « Région Centre Val de Loire ».

projet « Mécanique instable » et grand reportage en Suisse… Eva Abarnou, Cécile Barbault, Mathilde Barrault, Clovis Baudry, Melissa Besse, Pauline Billiau, Laurie Bonnet, Maelle Brucy, Eva Fernandes, Elodie Bouhours, Marine Chanfrault, Harmony Chardon, Margaux Charpille, Anais Coulon, Adrien Davaille, Melisande Derre-Petit, Charline Deschamps, Emie Frutieaux, Cécile Germanicus, Morgane Guibet, Aurélie Houbre, Celina Joly, Chloé Lahary Dorinet, Flavie Laurens, Alexandre Leroux, Andrea Lethiers, Anthony Marchiondo, Melody Monnier, Ophélie Mornat, Lea Naudinet, Axelle Pain, Nattie Perez, Gautier Rancœur, Olivia Rouquet, Nicolas Serrano, Anaelle Thibault, Julien Thieblemont, et Océane Vang.